Dominique Bijotat aurait bien voulu boucler la phase aller avec trente points et entamer la Ligue 2 version 2012 par une victoire à domicile. Ses hommes ont manqué l’objectif de peu, certes, mais l’ont manqué tout de même. Comme face à Evian il y a moins d’une semaine, les Messins s’inclinent à quelques secondes du coup de sifflet final sur un coup de poignard d’autant plus douloureux qu’il est asséné par un ancien de la maison. Quand bien même, ce n’est même pas cette action qui fut le fait du match.
Le tournant du match, c’est à la soixante-dix-huitième minute que les spectateurs de Saint-Symphorien l’ont vécu. Tout juste entré en jeu, le jeune Sadio Mane est fauché en pleine surface de réparation bastiaise et obtient un penalty pour son équipe. Pierre Bouby s’élance, le frappe en force. Le ballon heurte la barre transversale, retombe dans le but et ressort ensuite mais le corps arbitral est formel : le but n’est pas accordé. A ce moment-là de la partie, le score est nul et vierge, tout est encore possible. Et c’est donc le pire qui se réalisera.
Si les matches durent quatre-vingt-dix minutes, il doit y avoir à cela une bonne raison que les inventeurs du football ne sont plus là pour nous transmettre. En tous les cas, cela donne souvent à l’occasion aux Grenats de passer du bon au moins bon. En l’occurrence ce samedi après-midi, de franchir en l’espace d’une pause d’un quart d’heure le palier entre une première mi-temps très moyenne et une seconde de grande qualité.
Remaniée pour faire face aux différentes absences qui la touchent actuellement, l’équipe de Dominique Bijotat entamait la rencontre en souffrant. En face, la formation bastiaise épatait la galerie en affichant un jeu léché, un taux de réussite dans les duels sacrément culotté et des occasions qui auraient pu se ramasser à la pelle. Nombreuses, mais pour autant jamais excessivement dangereuses. Les tentatives de l’efficace compagnie Suarez-Maoulida-Khazri terminèrent souvent leur course dans les nuages (3°, 11°, 39°) ou dans les gants d’Anthony M’Fa (5°, 25°, 26°), encore une fois très peu pris en défaut lors de cette rencontre. Côté grenat, les frappes furent, au cours de ce premier acte subi, essentiellement lointaines et l’illustration des difficultés messines à approcher les cages corses. Betsch (16°) et Fleurival (30°, 42°) s’y essayèrent, sans réussite.
Le temps qu’un miroir virtuel s’empare de Saint-Symphorien et des vingt-deux acteurs pendant la pause, les hommes de Dominique Bijotat faisaient une réapparition fracassante en deuxième période. Beaucoup plus agressifs, plus précis dans leurs intentions, ils remportaient les duels et le soutien du public. Dommage que le dernier geste ne fut pas à la hauteur de leur engagement. Seul en pointe avec la lourde tâche de combler le vide laissé par Mathieu Duhamel, blessé, Yéni NGbakoto fut souvent à un cheveu de trouver l’ouverture du score (46°, 47°, 61°, 64°). Même Kalidou Koulibaly, monté aux avant-postes sur un coup-franc, faillit tromper Novaes (60°), qui s’y reprit en deux temps pour repousser l’échéance.
Jusqu’à ce penalty qui fera encore couler beaucoup d’encre, images à l’appui. Jusqu’à cette dernière occasion bastiaise, quasi la seule du second acte : Robail déborde à gauche et trouve Maoulida lancé en pleine course dans la surface. (0-1, 90°). Ces deux lignes furent cruciales dans le scénario, comme deux instants qui ont scellé la fin de l’épisode FC Metz – SC Bastia, version 2012. Deux faits de jeu qui ont fait basculer le match dans la catégorie Drame.
« L’issue de cette partie est proprement injuste, a commenté un Bernard Serin venu exceptionnellement en conférence de presse à la fin de la rencontre. Alors que nous pouvions rejoindre Bastia à trente points, nous nous retrouvons ce soir six points derrière. Notre deuxième mi-temps a été de haute qualité et nous méritions la victoire, mais ainsi va le football. »
Le Président des Grenats a d’ailleurs profité de l’occasion pour transmettre à la presse les dernières avancées concernant une éventuelle arrivée de Thierry Steimetz au FC Metz. « Le sujet est très simple. Nous sommes intéressés par Thierry Steimetz mais nous sommes parallèlement interdits de recruter à titre onéreux par la DNCG. La décision appartient donc à Laurent Fanzel. » Une carrière pro entre les mains d'un président, l’issue d’un match pro entre celles d’un arbitre. Ainsi va le football.